Les gratte-ciels en France et en Europe

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Sous la Grande Arche de la Défense

Les gratte-ciels. Immenses flèches de verre, d’acier, de béton et de pierre. Prouesses, démonstrations techniques et technologiques. Sans lien avec l’identitarisme en apparence. Et pourtant, marqueurs de puissance nationale pour certains ou ombres mondialistes pour d’autres, modernisme effréné ou démonstrations nationalistes, destructeurs ou façonneurs de paysages ou de patrimoine, le sujet est identitaire.

Si je m’y attaque rapidement dans ce court billet c’est pour en défendre une certaine expression et les lier à l’identité. Songer à la forêt de tours grises des quartiers d’habitation de Hong Kong ou à l’invasion des tours de verre au cœur du vieux centre de Londres et y transposer ces idées à Paris peut refiler quelques vagues de frissons bien justifiées. De ce point de vue, et surtout si l’on est attaché à la préservation du patrimoine (et du paysage) comme l’est un identitaire, il semble normal de vouloir repousser les gratte-ciels loin de Paris et de la France (voire de l’Europe). Si l’on y ajoute, qui plus est, que ceux-ci sont souvent des symboles des grands groupes mondialisés, d’un capitaliste conquérant et d’un modernisme forcené, cela devient une évidence.

Il y a pourtant des choses positives à faire avec ça, et de bonnes idées qui sont parfois même appliquées en France en premier lieu. Tout le monde connait en effet plus ou moins le quartier de la Défense, près de Paris, en particulier. Si tout n’est pas parfait (les lieux sont glauques la nuit entre autres, et les rois et reines des lieux sont des marques de surconsommation ou de grandes entreprises mondialisées), le projet de base part d’un concept immensément respectueux du patrimoine et de l’Homme. Le quartier est en effet bâti totalement en dehors et même assez loin du vieux Paris : par ce biais, il respecte entièrement le patrimoine de Paris et ne vient en rien détruire le patrimoine ou le paysage, faire de l’ombre à une église ou concurrencer la tour Eiffel. Et ça, c’est une belle idée concrétisée. En plus de cela, la quasi-intégralité de la surface de la Défense est construite sur une dalle piétonne faisant entièrement disparaître la voiture malgré la présence effective de parkings géants et d’autoroutes multiples. Ce n’est pas une mince affaire en soi, il s’agit même d’une petite prouesse qu’il a fallu oser, et en l’occurrence le principe est unique au monde. Pour cela aussi c’est une belle idée.

Jardins à la Défense

Jardins à la Défense

Au-delà du respect du patrimoine, la Défense y répond même en y apportant sa pierre. Celle-ci est en effet construite dans la continuité directe de la perspective Louvre-Champs Elysées-Arc du Triomphe-Avenue de la Grande armée, chapeautée par une Grande Arche spectaculaire répondant à la fois discrètement et parfaitement à l’Arc du Triomphe, prouesse technique et symbolique immense au passage. Et c’est là l’autre aspect magnifique : tout cela semble avoir émergé d’une France où l’on osait encore les grands projets symboliques, les coups d’éclat qui portent le peuple, mais où l’on savait de plus les apporter avec le respect qui est du à l’existant.

Ce que l’on pourrait encore ajouter à un tableau déjà favorable, c’est que chaque nouveau gratte-ciel peut faire office d’une certaine démonstration de la puissance de la France, même si aujourd’hui elle semble illusoire ou virtuelle (mais l’image, ça compte). Ce que les gratte-ciels peuvent aussi permettre, si on y prête attention en tant que phares ponctuels et monumentaux, c’est d’exprimer une certaine idée moderne de l’identité du pays ou de la ville qui les construit. Ceux-ci peuvent, avec l’aide de la volonté, éviter l’écueil éternel de l’homogénéité moderne pour se faire des porte-étendards, de par leur style, leurs choix architecturaux, bref leur apparence, d’une identité locale autant que d’une certaine modernité.

En tout cela je suis susceptible de défendre les gratte-ciels, lorsqu’ils sont ainsi bien amenés. Symboles de puissance ou de technique, respectueux de l’identité et du patrimoine, du paysage, marqueurs puissants et ponctuels des allants d’un peuple sans faire table rase du passé. Il ne s’agit en rien, par contre, de défendre la libération de leur construction à tort et à travers au cœur des joyaux de nos villes qui, en plus d’être chacun uniques et irremplaçables, sont l’essence illustrative nécessaire à un peuple.

A.C.M.

Champs-Elysées_vue_Concorde_Etoile

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Un commentaire pour Les gratte-ciels en France et en Europe

  1. Chilbaric dit :

    Même si la Défense est objectivement invivable, ce n’était effectivement pas une mauvaise idée.
    Mais le but de l’Andalouse est bien – si elle poursuit les intentions de l’autre Tunisien – de remplir Paris de gratte-ciels et en plus de ça, le but global de toute cette troupe de tarés est d’inventer une immense conurbation qui irait jusqu’au Havre !
    Il s’agit donc de copier New-York ! Avons nous besoin de cela ?

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