Violences, la faute aux banlieues ?

Ils ont filmé les grands ensembles   Commençons par le commencement. Pourquoi sont apparues les banlieues ? Durant les années 50-60, les premiers quartiers de ce type sont apparus avant tout pour loger l’afflux massif de pieds noirs expulsés d’Algérie. Durant les années suivantes, les immeubles de banlieue ont commencé à présenter une formidable nouveauté pour les français : il s’agissait d’offrir la possibilité aux foyers moyennement à faiblement aisés d’accéder à la propriété d’un logement à la fois très décent, vaste pour leurs moyens et très fonctionnel. De nombreux français aux revenus jusqu’alors trop faibles avaient la possibilité d’avoir un vrai chez soi, et aux abords des grandes villes. Ce que nous dit l’histoire des banlieues c’est que ces premiers habitants savouraient leur chance et se sentaient heureux malgré la forte concentration des habitations. Les enfants jouant au parc au bas de l’immeuble, les gens se rencontrant entre voisins, l’ambiance sereine, tous ces éléments ne sont pas des images d’Épinal et rappellent même un peu les sociabilités de quartiers et de villages français.

Toutes les communautés sont-elles violentes ?

Ils ont filmé les grands ensembles

Durant les décennies suivantes, les banlieues allaient connaître l’afflux d’un nouvel ordre social : les immigrés. Pour eux aussi, commençant forcément en bas de l’échelle,  les banlieues étaient la seule opportunité d’accéder à un logement personnel au bord des grandes villes. Selon les cas, certains quartiers connurent une immigration essentiellement asiatique, probablement du fait de la réaction en chaîne des rassemblements communautaires. Ce que l’on retire de ces quartiers, c’est que même après plusieurs décennies et l’évolution des générations, les quartiers asiatiques ne connaissent globalement aucune dégradation en plus que lorsqu’ils étaient français. Ils connaissent aussi encore aujourd’hui une ambiance très convenable et une sécurité de bonne qualité. Sans inciter au rassemblement communautaire (au contraire, et bien que cela soit humain), il faut avouer que pour ces populations, arrivées modestes et même parfois très pauvres, la vie dans les banlieues est plutôt une réussite, d’autant que ces familles, organisées, font évoluer leur niveau de vie vers le haut au fil du temps. On sait aussi, par exemple, que le taux de réussite scolaire des populations asiatiques est très élevé.

Intéressons-nous à présent aux « banlieues qui craignent », aux « cités de la honte », aux « quartiers dangereux et dégradés ». Il s’agit à la base des mêmes quartiers, qui connurent simplement par l’aléatoire du rassemblement communautaire une arrivée de population majoritairement issue d’Afrique noire et d’Afrique du nord, à forte tendance musulmane. Ces banlieues étaient les mêmes à la base. Les revenus plus que modestes des populations arrivantes étaient approximativement les mêmes eux aussi. C’est pourtant précisément dans ces quartiers que l’ambiance s’est détériorée, que la sécurité s’est dégradée jusqu’à connaître une insécurité rarement connue dans l’histoire de France, que les destructions ont explosé, remplissant toujours le haut des colonnes statistiques des dégradations, des crimes et des délits à l’échelle nationale. Ce sont ces quartiers seuls qui s’embrasent régulièrement à la moindre opportunité, dans ces quartiers seulement que les pompiers eux-mêmes se font agresser violemment. Tous ces immigrés ne sont pas des casseurs. Mais la quasi-intégralité des casseurs font partie de cette population immigrée. Il faut attaquer l’étude sociale par ce terrain-là, celui de la culture, de l’ethnie, de l’habitus, plutôt que par l’effet soit disant néfaste des banlieues. Certaines banlieues semblent à présent être devenues d’effroyables carcans. Mais nul doute qu’il s’agit de la faute d’une partie de leurs habitants. Après plus de quarante ans les banlieues à majorité asiatique n’ont jamais détruit l’état moral de leurs habitants, n’ont jamais atteint leurs nerfs au point de vouloir dégrader leur habitat, ne les ont jamais conduits à une violence ou à un incivisme supérieur aux français. Plus fort encore, les asiatiques manifestent d’eux même contre les violences et incivismes perpétrés à leur encontre par les populations musulmanes. Ce qui a conduit les banlieues peuplées d’Africains et de Maghrébins dans cet état de délabrement avancé ce sont surtout les comportements de ses habitants. Jamais les populations françaises ni les populations asiatiques n’ont causé des soucis qui arrivent à la cheville de ceux des populations africaines, même entre populations contemporaines. Il suffit d’aller observer. J’ai vécu dans les deux, plusieurs années, alors on ne me fera pas avaler l’inverse.

Ils ont filmé les grands ensemblesLes banlieues, des enclaves abandonnées par l’Etat ?

Bien sûr… Prenons un seul exemple pour ne pas alourdir l’idée mais qui peut se généraliser à toutes les banlieues. Un exemple récent, l’embrasement de la banlieue d’Amiens, en aout 2012. Cette chère cité venait encore une fois, comme tant d’autres, de recevoir un budget monstrueux rien que pour sa propre restauration. A savoir, 336 millions d’euro, un tiers de milliard, à elle seule. Ceci n’inclut pas les écoles, bibliothèques, centres de loisirs et j’en passe qui sont régulièrement brûlés et reconstruits immédiatement. Ceci n’inclut pas non plus les milliers de projets socio-culturels, d’associations, de groupes de réflexion, etc., à destination des « quartiers ». Croyez-vous que les beaux quartiers du 16ème ou de Neuilly requièrent une telle somme régulièrement en entretiens ? Et les quartiers modestes ? Les rues pavillonnaires du reste de la France ? Les villages de campagne, parfois en ruine, que tout le monde ignore ? Non bien sûr, car ces coins de France sont soit simplement respectés par des habitants aux meurs peu reprochables, soit oubliés même, pour certains. Dans certains de ces quartiers de banlieue chaude où même les pompiers venant sauver leur vie ingrate se font agresser, les équipes des chantiers de restauration elles même se sont faites plus ou moins interdire de territoire et agresser par les « jeunes » locaux. Un comble ! Maj 2013 : Xavier Raufer a prouvé que les zones les plus pauvres sont bel et bien les départements ruraux et oubliés, et absolument pas les départements de banlieues ou autres zones à problèmes (voir ici et ici).

Ils ont filmé les grands ensemblesLes banlieues, des zones où les immigrés sont injustement parqués ?

Comme dit précédemment, à l’origine, il s’agissait de français de souche qui y étaient « parqués ». Ensuite ces banlieues connurent parmi leurs populations des populations asiatiques qui ne se sont jamais senties « parquées » où ne s’en sont jamais plaintes. Mais alors, quels seraient, si l’on suit cette logique, les désidératas des populations d’origine africaine afin de mettre fin à leurs malheurs et à leurs « appels à l’aide » (nom générique donné par les médias de gauche pour toute destruction, agression, etc., perpétrée par un « jeune » de banlieue) ? De jolis pavillons avec jardin, proches de la ville, pour chacune des familles, et tout ce qui s’en suit ? Mais bien sûr. Ce n’est pas comme si ils arrivaient par millions, soudainement et désargentés, incidemment tellement peu simples à loger. J’ai été en Afrique, profonde, j’ai rencontré les populations. Je sais quelle image elles se font de la France, une image entretenue par les passeurs et par les images incomplètes véhiculées par la télévision. Elles se font l’idée sincère et convaincue qu’il s’agit d’une corne d’abondance, inépuisable de richesses. Qu’il n’y a qu’à se baisser pour ramasser l’argent. Aussi lorsqu’elles arrivent et que tout n’est pas aussi simple, la désillusion est sévère. Le revers violent et amplifié entre les générations. La rancœur parfois grande, surtout chez eux dont on entretient une volonté de revanche postcoloniale et où l’Islam incite à détester l’occident. Ces gens-là, matérialistes comme ils sont qui plus est, s’imaginent dès le premier jour avec le niveau de vie du français moyen, sans imaginer une seconde que le français moyen se transmet le fruit de décennies de travail à travers les générations, et ne nait pas dans un bain d’aides et d’argent qui serait comme tombé du ciel avec chaque cigogne. Imaginez par exemple qu’on a pu entendre une immigrée récente se plaindre le jour de l’obtention de la nationalité qu’il faudrait « Payer la sécu maintenant ? C’est un scandale, c’était gratuit avant les papiers ! ».

Ils ont filmé les grands ensemblesDes problèmes de clivages ? Donc la mixité sociale avec les populations éparpillées dans la ville serait la solution ?

L’essai a déjà été réalisé dans certaines villes, et pas des moindres. Je pense à Londres par exemple. Comment cela a-t-il fonctionné, comparativement à nos banlieues ? Pas la peine de chercher bien loin pour constater que la mixité n’a rien apporté d’autre qu’une dénaturation des quartiers londoniens. Les violences furent les mêmes, et peut être même pires, il n’y a qu’à voir les émeutes gigantesques où des blocs de bâtiments entiers furent brûlés, où la ville entière était débordée, comme en 2011, mais aussi comme d’autres fois auparavant. Toujours à la suite d’un évènement mineur, une excuse à l’embrasement. Il n’y a qu’à voir certains quartiers londoniens au bord d’appliquer la charia. Mêmes causes, mêmes symptômes. Des populations à majorité musulmane qui détestent la société occidentale qui les accueille. Oui, la mixité a été tentée, à Londres et ailleurs, et non, ça n’a absolument pas plus fonctionné, si ce ne fut pas pire. Un autre exemple très parlant encore : les XVIIIème, XIXème et XXème arrondissements (entre autres) de Paris, là où la mixité règne en maître et où les rues de Paris n’ont rien des tours de banlieue. Et pourtant… On sait bien ce qu’ il en est aujourd’hui. Maj 2013/2014 : ces arrondissements sont maintenant classés « Zones de Sécurité Prioritaires »… Dire que dans les années 50 on pouvait laisser les clés sous le paillasson en plein Paris !

Ils ont filmé les grands ensemblesLes banlieues, trop éloignées des opportunités culturelles des centres villes ?

C’est une rengaine d’excuse que l’on peut entendre assez souvent à ce sujet. Il faut pourtant y faire attention avant de l’utiliser, car pour retirer toute la logique de cette hypothèse il suffit de se demander si c’est la même histoire pour les quelques dizaines de millions de français qui vivent en campagne ou dans les petites villes et qui ont certainement un accès encore bien moindre à la culture dont on parle. D’une manière générale l’accès potentiel des banlieusards aux services est bien meilleur que pour beaucoup de gens, et ce sans parler des peuples miséreux du monde entier qui rêveraient bien, eux, d’avoir de pareilles potentialités. Un autre point de vue plus subjectif demanderait aussi si les populations concernées sont vraiment intéressées par la culture dont on parle…

Triste époque

Triste époque, tristes égoïsmes, tristes illusions. La banlieue n’a pourtant, à l’origine, jamais tué personne et n’a jamais été conçue comme un camp de concentration. Une seule population semble y souffrir, la population de la complainte éternelle, des illusions flouées et de la victimisation perpétuelle. La population de l’attentisme, entretenue dans ses délires par des idéologies sociales déviantes. Les autres ne s’en sont jamais plaints avant eux et n’ont jamais tout brûlé à chaque événement.

Ils ont filmé les grands ensemblesDemandons-nous donc d’abord qui casse et à quel point c’est vraiment légitime avant d’accuser encore une fois le français de bourreau permanent et le casseur de victime à l’agonie. Un groupe de gens qui va jusqu’à tendre des pièges aux pompiers, sauveurs de vies, – y compris de leurs vies misérables -, pourrait se situer à n’importe quel niveau de misère et de désespérance que leurs actes ne devraient relever malgré tout que du crime total et odieux, et ne plus ressentir aucune excuse et complaisance. Attaquer les pompiers devrait être un point de non-retour. Pas de pitié pour ces gens-là.

Mais on les laisse faire et même, on les excuse et on prend sur notre dos les raisons de leur « malheur ».

Note : je donne la sensation d’une vision manichéenne. Mais rien n’est tout noir ou tout blanc. Je n’ai jamais dit que les français de l’époque exultaient littéralement de vivre là dans les années 60. Cependant il y a un gouffre entre l’accommodement humble et satisfait pour un meilleur niveau de vie des premiers et le rejet ultra violent des autres.

A.C.M

Les images des banlieues des années 60-70 sont issues du reportage « Ils ont filmé les grands ensembles » de Public Sénat.

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4 commentaires pour Violences, la faute aux banlieues ?

  1. Pivoine dit :

    J’ai toujours pensé qu’un quartier était à l’image de ses habitants.
    En important la lie de l’humanité, fallait pas espérer de miracles…
    On se demande pourquoi, dans certains pays, c’est pauvre, sale… et on accuse leurs dirigeants d’être responsables… eh bien il suffit d’aller faire un tour dans certains quartiers pour avoir l’explication !

  2. laobu dit :

    Texte très juste – comme c’est une habitude apparemment sur ce site dont je deviens un visiteur de plus en plus occasionnel – et agrémenté de jolis clichés qui me rappellent mon enfance dans les années 80.
    Merci

  3. Ping : Clichés et réalités | L'Identitaire Pur

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